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Papillotement (flickering) et effet stroboscopique

Introduction

Définitions

Modulation temporelle

Le concept de « modulation temporelle » est utilisé pour définir les fluctuations du niveau lumineux de l’éclairage au cours du temps. Les conséquences de la modulation temporelle sont multiples et provoquent des effets de type visuels, biologiques ou sanitaires (avérés ou non) et dépendent de la fréquence de la modulation (voir TLA, Temporal Light Artifact).
Ces variations de l’intensité lumineuse pour la lumière artificielle proviennent des modifications des caractéristiques du courant électrique à l’entrée de la source lumineuse, voir les explications ci-dessous.
Les deux conséquences les plus connues et visibles par l’observateur sont d’une part du papillotement et d’autre part de l’effet stroboscopique.

NB : une autre conséquence appelé « effet de réseau fantôme » n’est pas traité ici car il n’existe pas de mesure en ce qui concerne les luminaires.

Phénomène naturel

Le phénomène de modulation temporelle peut être observé régulièrement dans la nature, que ce soit le soleil qui joue avec les nuages ou un feuillage sous une légère brise, lors d’un passage sous un tunnel , ou tout simplement les flammes d’un feu virevoltant.

Voir ci-dessous une vidéo prise dans un train alors que le soleil jouait à cache cache avec les feuilles des arbres :

Vidéo papillotement naturel

Papillotement

Le papillotement – ou scintillement (le terme anglais flickering est également largement répandu) – est un des effets de la modulation temporelle pour des fréquences inférieures à 80 Hz environ. Il correspond à l’impression subjective ou perception de fluctuations de la luminance de la source.

Historiquement, ce phénomène avait bien diminué avec l’apparition des ballasts électroniques pour les lampes et tubes à décharge (comme la fluorescence) mais l’utilisation de la LED (qui est très sensible au courant d’entrée) a remis ce sujet d’actualité.

Le papillotement est un phénomène bien connu et normalisé pour la partie courant électrique (voir CEI 555-1 et NF EN 61000-3-3 Mars 2014). Il est également mesurable depuis les années 1980 par des appareils appelés flickermètre, voir ci-dessous les mesures.

Différence entre modulation temporelle et papillotement

Le concept de « modulation temporelle » est apparu récemment et il est encore courant de voir des confusions avec le « papillotement » (qui n’en constitue donc qu’un des effets visibles). Cela signifie donc que diminuer/supprimer le papillotement est à interpréter comme diminuer/supprimer les modulations temporelles, c’est à dire diminuer/supprimer totalement le phénomène et non une de ses conséquences.

Effet stroboscopique

L’effet stroboscopique est l’autre conséquence connue des modulations temporelles : il se manifeste pour des fréquences supérieures à environ 80 Hz. Il s’agit d’un effet visuel généralement non désiré dû à une prise de vue ou à un éclairage intermittent (donc possiblement par un stroboscope) d’un objet un mouvement.

Par exemple une roue qui donne l’impression de tourner à l’envers dans un film ou une source d’éclairage artificiel de mauvaise qualité qui peut donner l’impression qu’une pièce est immobile alors qu’elle est en mouvement (ce qui peut générer des risques de sécurité au travail).

Effets indésirables et sensibilité des modulations temporelles

Effets indésirables

Ces modulations temporelles peuvent provoquer des gênes diverses voire des accidents et constituer des troubles pour la santé, d’où l’importance du sujet.

Plus précisément, les effets indésirables peuvent être :
– crise d’épilepsie ou crise cardiaque
– effet stroboscopique et fausse impression d’avoir une machine tournante au ralenti ou à l’arrêt
– migraine ou céphalée paroxystique sévère souvent associée à des nausées et à des perturbations visuelles
– augmentation des comportements répétitifs pour les personnes autistes
asthénopie, fatigue oculaire, vision floue, céphalée classique et diminution de la performance pour les tâches liées à la vision

Sensibilité

La sensibilité aux modulations temporelles dépend des divers facteurs comme :
– la fréquence
– la brillance
– le contraste
– la distance entre l’observateur et la source
– la longueur d’onde de la source
– si les yeux sont ouverts ou fermés

Enfin, cet effet est observé sur certaines sources artificielles uniquement, en fonction du principe de fonctionnement et du type d’appareillage, voir les développements ci-dessous.

Les causes des modulations temporelles

La lumière des sources artificielles nous parait continue mais elle est bien souvent éteinte et allumée à une fréquence trop élevée pour que ce phénomène soit perçu. De plus, des variations de luminance (et non allumage et extinction totales) peuvent suffire à provoquer une gêne.

La modulation temporelle peut être générée par deux types de phénomènes :
– en amont du luminaire par un signal électrique fluctuant dans le réseau du bâtiment
– à l’intérieur du luminaire par l’alimentation (ballast ou driver), avec une sensibilité variable de la source.

En amont du luminaire

Le courant électrique dans les bâtiments est un courant alternatif de fréquence 50 Hz (qui correspond donc à 100 maxima et passages par 0 par seconde) propice au papillotement car dans les fréquences sensibles au scintillement.

A ce signal alternatif peuvent venir d’ajouter des perturbations de différents ordres :
– des variations brusques d’intensité générées par des machines (par exemple du soudage par résistance, des moteurs de réfrigérateurs, des fours électriques à arc, des appareils d’imagerie médicale, des moteurs à charge variable…) qui provoquent des pics de tension électrique
– l’apparition d’harmoniques (ordinateur, ballast, driver…), voir ci-dessous
– diverses perturbations comme par exemple les courants porteurs en ligne (CPL).

Les harmoniques
Les harmoniques en électricité sont des courbes sinusoïdales de plus grandes fréquences que la sinusoïde principale qui viennent se superposer à cette dernière.

Flicker harmoniques

Le signal du réseau est donc perturbé et cela peut engendrer des pertes par effets joules, des difficultés pour faire passer de l’information (voir les courants porteurs en ligne) et également favoriser la modulation temporelle en augmentant les fluctuations du signal d’entrée au luminaire.
Ces perturbations viennent d’appareils qui ont besoin de transformer le courant alternatif 50 Hz pour fonctionner, comme les ordinateurs, les télévisions, les ballasts ou les drivers LED. Dans le domaine industriel, des variateurs de vitesse ou des appareils de soudage peuvent également générer des harmoniques.
La génération d’harmoniques doit donc être contrôlée pour chaque appareil et cela est mesuré par le taux de distorsion harmonique (THD en anglais, Total Harmonic Distorsion), valeur d’ailleurs importante à vérifier pour mesurer la qualité des ballasts et des drivers LED. Un THD inférieur à 10% peut être considéré comme correct.

A l’intérieur du luminaire

Une fois passé le signal d’entrée, les luminaires ne sont pas égaux et n’ont pas tous la même sensibilité à la modulation temporelle : il convient donc d’examiner les différents types d’appareillage, de gradation et de sources pour voir précisément quels sont les risques et les possibilités d’améliorations en fonction des cas.

Pour démarrer

Le premier point important à vérifier en cas de scintillement d’une source est que les luminaires, les sources et les câbles sont bien fixés mécaniquement (et donc non sensibles aux vibrations par exemple).

Synthèse

Voici ci-dessous les différents éléments qui peuvent générer de la modulation temporelle.Flicker général

Les deux sujets concernant le luminaire sont traités ci-dessous : les alimentations dans un premier temps et les sources dans un second temps.

Les alimentations

Les appareillages (ballasts pour les tubes et lampes à décharge et drivers pour les LED) viennent se positionner entre le signal électrique du bâtiment et la source. Suivant leur mode de fonctionnement, ils peuvent :
– ne pas modifier ou répercuter les propriétés du signal d’entrée (sans appareillage ou ballast magnétique)
– transformer radicalement le signal d’entrée pour reconstituer un signal qui limite la modulation temporelle (ballast électronique gradable ou non gradable, driver LED non gradable et gradable de type modulation d’amplitude analogique)
– transformer radicalement le signal d’entrée pour reconstituer un signal qui a des effets néfastes sur la modulation temporelle car générant de nouvelles fluctuations (gradation par découpage de phase et PWM).

L’incidence des alimentations sur la modulation temporelle ne peut être traitée qu’en association avec les sources qui peuvent également par leurs fonctionnements limiter ou favoriser la modulation temporelle, voir les chapitres ci-dessous.

Neutres pour la modulation temporelle

Les sources de type incandescent et halogène fonctionnent sur un courant de type 230 V 50 Hz et n’ont donc pas besoin d’appareillage : le courant qui arrive à ces lampes est donc bien évidemment le courant du réseau et la source sera directement influençable par les fluctuations du signal du bâtiment.

Flicker sans alimentation

Les ballasts magnétiques n’ont pas d’effet non plus sur les modulations du signal car par définition les inductances (ou bobines) ne modifient que l’amplitude du courant mais pas sa fréquence : les fluctuations du courant du réseau sont donc directement répercutées aux tubes et lampes à décharge dans le cas d’un ballast magnétique (voir ci-dessous, cela n’est pas le cas d’un ballast électronique).

Flicker ballast magnétique

Gradation par découpage de phase

La vieille technique de gradation par découpage de phase pour les ballasts magnétiques n’est pas abordée ici mais elle favorise également la modulation temporelle.

Limitant la modulation temporelle

Les ballasts électroniques gradables et non gradables ne se limitent pas à modifier le signal d’entrée : ils le transforment radicalement pour le reconstituer. Du coup, les perturbations en entrée sont supprimées et comme le signal de sortie est à très haute fréquence (de 20 000 à 60 000 Hz), ce nouveau signal n’a pas d’impact sur le papillotement (et n’a pas non plus d’autres effets néfastes de type visibles, sanitaires ou biologiques).

Flicker ballast électronique

Les ballasts électroniques gradables

Pour grader un tube ou une lampe à décharge, un ballast électronique gradable délivre un courant avec une fréquence encore plus importante que le ballast électronique non gradable, ce qui n’a donc pas d’effet visibles, sanitaires ou biologiques et qui explique pourquoi les ballasts électroniques gradables sont traités dans ce chapitre avec les ballasts électroniques non gradables.

Les drivers LED non gradables et gradables de type modulation d’amplitude analogique sont des boitiers électroniques qui transforment également radicalement le signal d’entrée pour le reconstituer. Par contre, à la différence des ballasts électroniques, le courant de sortie est continu, c’est à dire en théorie sans aucune fluctuation, ce qui implique une grande sensibilité puisque tout impureté peut être transmise à la LED.

Mais la pratique est différente puisque suivant la qualité du driver, des traces du courant d’entrée peuvent apparaitre sur le signal de sortie, ce courant parasite est appelé ripple current en anglais, qu’il est possible de traduire par courant ondulé résiduel.

Flicker driver

Une alimentation LED de qualité pourra donc limiter la modulation temporelle et donc le papillotement, ce qui ne sera pas le cas d’une alimentation de moins bonne qualité.

Favorisant la modulation temporelle

Enfin, certaines alimentations génèrent de nouvelles fluctuations sur le courant de sortie qui peuvent être à l’origine de modulations temporelles : il s’agit de deux dispositifs qui hachent le signal, les gradateurs de phase et les drivers gradable de type PWM.

La gradation par phase, très utilisée pour pouvoir diminuer ou augmenter le flux lumineux des lampes incandescentes et halogènes, a comme principe de hacher le signal d’entrée, ce qui par définition favorisera le papillotement. Cette technique a été également beaucoup utilisée pour grader les ballasts (avant la généralisation des ballasts électroniques gradables) mais n’est plus d’actualité de nos jours.

Flicker découpage de phase

Un autre type de gradation est par contre beaucoup plus d’actualité car très utilisé pour les LED : il s’agit de la gradation de type PWM ou modulation de largeur d’impulsion. Cette technique de gradation introduit des fluctuations qui sont notables pour les LED, voir l’illustration ci-dessous. Le phénomène peut apparaître notamment pour les luminaires pouvant varier du blanc chaud au blanc froid (tunable white).

Flicker PWM

Importance de la qualité d’un driver gradable

Afin de limiter la modulation temporelle, les fabricants d’alimentations LED haut de gamme préfèrent le principe analogique de modulation d’amplitude (c’est à dire que l’intensité du courant baisse en fonction de la gradation souhaitée). Cette technologie est plus onéreuse et peut laisser apparaître des défauts colorimétriques et d’homogénéité d’intensité pour les faibles intensités : certains fabricants mixent donc les deux principes, la modulation d’amplitude de 30% à 100% de gradation et le PWM pour une gradation inférieure à 30%.

Illustration d'une modulation temporelle presque visible avec un driver de type PWM
Ci-dessous une photo prise avec un smartphone qui montrent bien le phénomène (en l’occurrence un luminaire gérant la variation du blanc chaud au blanc froid) :

Illustration flickering par Iphone

Synthèse

Effet sur la modulation temporelle Type d’alimentation Sources possibles Commentaires
Neutre Sans Incandescence et halogène Le signal d’entrée n’est pas modifié
Ballast magnétique Lampes et tubes à décharge Le ballast magnétique reprend la fréquence du signal d’entrée dans son courant de sortie
Limitant Ballast électronique non gradable
Ballast électronique gradable
Lampes et tubes à décharge Le signal d’entrée est reconstitué en un signal à trop grande fréquence pour avoir un effet sur la modulation temporelle
Driver LED non gradable
Driver LED gradable avec modulation d’amplitude analogique
LED Le signal d’entrée est reconstitué en un signal continu mais un driver de mauvaise qualité peut favoriser le papillotement si le courant résiduel alternatif (ripple current) est trop important.
Favorisant Driver LED gradable PWM LED Le signal d’entrée est reconstitué en un signal continu mais haché qui peut donc générer une modulation temporelle
Gradateur par phase Incandescence et halogène Le signal d’entrée est haché, ce qui peut générer une modulation temporelle
Lampes et tubes à décharge (plus utilisé) Le signal d’entrée est reconstitué en un signal à très grande fréquence mais haché et peut donc générer une modulation temporelle

Les sources

De même que pour les alimentations, les sources n’ont pas la même sensibilité à la modulation temporelle, tout dépend de leur faculté à réagir rapidement aux fluctuations du courant d’entrée.

Limitant la modulation temporelle

Certaines sources d’éclairage artificiel ont une inertie qui leurs permet d’atténuer voire de supprimer les effets des fluctuations du courant d’entrée : il s’agit des lampes de type incandescent et les lampes à décharge exceptée la fluorescence.

Le principe de fonctionnement des lampes incandescentes ou halogène est de chauffer un filament aux alentours de 3 000 °C dans un environnement protégé : l’inertie thermique de ce filament est trop importante pour être sensible aux fluctuations rapides du courant qui provoquent de la modulation temporelle donc même si le courant d’entrée fluctue, ce type de lampe sera peu sensible au scintillement.

Illustration

Pour se rendre compte de l’inertie thermique d’une lampe incandescente ou halogène, il suffit de regarder une lampe de ce type s’éteindre : l’extinction n’est pas immédiate (à comparer avec les LED par exemple) et suivant les lampes il est possible de voir le filament changer de couleur (donc de température car plus le filament refroidit plus il devient rouge) avant de s’éteindre.

La fluorescence a également une rémanence dans son fonctionnement due à la présence de poudres fluorescentes à l’intérieur de la source : en effet, les ondes générées par l’excitation du gaz sont situées dans l’ultraviolet et les poudres fluorescentes sont indispensables pour convertir ces ondes dans le visible. Ces poudres sont la clef en ce qui concerne la modulation de fréquence car elles ont une rémanence lumineuse qui permet au flux lumineux généré de ne pas suivre rapidement les fluctuations du courant d’entrée : ce type de lampe est donc peu sensible aux modulations temporelles, surtout avec un ballast électronique qui génère un signal d’entrée à très haute fréquence.

Favorisant la modulation temporelle

Deux sources sont particulièrement réactives au courant d’entrée et sont donc très sensibles à ses fluctuations : les LED et les lampes à décharges, autres que de type fluorescent (donc sodium et halogénures haute pression et sodium basse pression).

Ces deux types de sources ne permettent pas d’atténuer les modulations temporelles et il est donc nécessaire d’avoir un courant à l’entrée de la source sans fluctuations dans la plage de fréquence sensible pour ne pas avoir d’effet de scintillement.

Synthèse

Effet sur la modulation temporelle Type de source Commentaires
Limitant car inertie de la source Incandescence ou halogène Inertie thermique du filament
Fluorescence Rémanence des poudres fluorescentes
Favorisant car source très réactive au courant d’entrée LED
Sodium et halogénures haute pression et sodium basse pression

Les mesures

Les mesures du phénomène ont évolué avec le temps et deux mesures ont été acceptées par le marché dans les années 2020- notamment dans le cadre du règlement européen 2019/2020 établissant les exigences d’écoconception pour les sources lumineuses et les appareillages d’éclairage et la mise à jour de 2021 de la NF EN 12464-1 : il s’agit de PstLm pour le papillotement et SVM pour l’effet stroboscopique.

Il existe pourtant historiquement d’autres possibilités de mesures mais qui ne se sont pas avérées pertinentes pour les luminaires à LED et suite au dernières découvertes concernant la sensibilité de l’oeil et du cerveau.

Des appareils appelés flickermètre permettent en tout cas de mesurer ce phénomène et d’avoir maintenant toutes les mesures ci-dessous.

Les mesures historiques

Le signal lumineux peut varier au cours du temps avec éventuellement des phénomènes de différentes fréquences.

Ondes simple et complexe
Voici une onde simple :

Et ici une onde complexe composée de 2 ondes simples :

Dans la réalité, une onde peut-être décomposée en de nombreuses ondes simples, voir ci-dessous la décomposition de Fourier.

Les phénomènes étudiés sont donc complexes, et prendre en compte la sensibilité des personnes ainsi que la complexité des ondes rend la mesure délicate.

Index de Flicker et pourcentage flicker (ou modulation de flicker)

Une première approche a été de découper différentes aires de la courbe (voir ci-dessous) pour en déduire deux mesures : l’index de flicker et le pourcentage de flicker.

L’index de flicker est défini par :

Index flicker = (Aire 1) / (Aire 1 + Aire 2)

La modulation flicker est définie par :

Mod% = 100 (Max-Min)/(Max+Min) = 100 (A-B)/(A+B)

Ces valeurs donnent une indication sur l’importance du phénomène et la modulation a été reprise pour définir un risque suivant la IEEE Std 1789™-2015.

IEEE Std 1789™-2015

La IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) a publié en 2015 une recommandation concernant les meilleures pratiques pour la modulation du courant afin de diminuer les risques pour les observateurs de LED  : il s’agit de la IEEE Std 1789™-2015.

Elle reprend la modulation de fréquence définie ci-dessus et propose des limites à ne pas dépasser en fonction de la fréquence pour ne pas être à risque.

Toutes ces mesures peuvent encore se trouver dans la littérature et peuvent être mesurées par des flickermètre mais elles ne sont concrètement plus utilisées au profit de celles ci-dessous.

En effet, la prise en compte des nouvelles connaissances sur la sensibilité des yeux et du cerveau ainsi que le fonctionnement des LED et ses nouveaux types de fluctuations d’intensité ont rendu ces mesures moins pertinentes : la création de ces nouveaux indicateurs a répondu à ces évolutions.

Les mesures utilisées actuellement

D’autres mesures sont donc apparues et ont été validées par le marché de l’éclairage professionnel, notamment par l’intermédiaire du règlement européen 2019/2020 établissant les exigences d’écoconception pour les sources lumineuses et les appareillages d’éclairage et la mise à jour de 2021 de la NF EN 12464-1.

PstLM pour le papillotement

PstLM (Short-Term Light Modulation) correspond à une pondération statistique des sensations de flicker instantané (fréquence entre 0,3 Hz et 80 Hz) et dérive d’une analyse temporelle sur 10 mn des sensations du flicker instantané. La perception et le ressenti du flicker sont basés sur un lampe incandescente de 60W.

Sa formule est complexe, voir ci-dessous, mais l’important est que d’une part les flickermètres peuvent très bien la calculer et que d’autre part cette mesure rend bien compte du risque de l’observateur.

La formule a été conçue pour que PstLM = 1 corresponde au niveau de sensibilisation de 50% des personnes.

Le règlement européen stipule que le niveau de PstLM pour les luminaires doit être inférieur ou égal à 1 à pleine charge.

SVM pour l’effet stroboscopique

SVM (Stroboscopic Visibility Measure) se base sur une décomposition des ondes complexes en ondes simples (voir décomposition de Fourier ci-dessous). Chaque onde simple a une unique fréquence dont les composants (Ci) sont pondérés et sommés selon la perception humaine (Ti, limite de visibilité de l’effet stroboscopique).

La formule est à la suivante :

Le phénomène est observé pour des fréquence supérieures à 80 Hz et le règlement européen stipule que le niveau de SVM pour les luminaires doit être inférieur ou égal à 0,4.

 

Décomposition de Fourier

La décomposition de Fourier est une méthode pour simplifier les calculs complexes. Toute onde complexe peut-être la somme d’onde simple (sinusoide avec fréquence donnée). Il suffit donc de faire les calculs sur toutes les ondes simples pour avoir le résultat pour l’onde complexe.

Voici par exemple la courbe rouge originale sur la gauche et la décomposition en ondes simples en bleu :

ASSIST

ASSIST (Alliance for Solid-State Illumination Systems and Technologies) est une institution américaine qui propose également une mesure qui se base sur la décomposition de Fourier ci-dessus, le contraste temporel de Weber (prise en compte de la variable temporelle des phénomènes visuels) ainsi que la pondération de la sensibilité en fonction de la fréquence.

Cette valeur – appelée ASSIST ou LRC Flicker Metric – peut-être disponible sur les flickermètres : la valeur 1 correspond au seuil de détection, les valeurs bien en dessous de 1 sont indétectables et les valeurs bien supérieures à 1 sont facilement visibles.

Conclusion et synthèse

La modulation temporelle a beaucoup diminué depuis quelques dizaines d’années avec :
– la suppression de la gradation par phase pour les lampes à décharge
– l’apparition des ballasts électroniques gradable et non gradable.

Mais l’arrivée des LED, par sa grande réactivité et la nature continue du courant d’entrée a rendu cette problématique d’actualité. Seule une bonne maîtrise du signal électrique d’entrée de la LED peut du coup éviter la modulation temporelle (et ses principales conséquences le papillotement et l’effet stroboscopique) et deux éléments essentiels sont à vérifier quant à la qualité du driver :
– le faible taux de courant alternatif résiduel (ripple current), de préférence inférieur à 5%
– l’absence de gradation de type PWM, au bénéfice de la gradation de type modulation d’amplitude analogique.

Ceci est vérifiable avec un flickermètre qui permet de s’assurer que PstLM≤ 1 et que SVM ≤ 0,4.

Driver flicker-free

Sont apparus sur le marché des drivers « flicker-free » qui laissent entendre que tout papillotement est supprimé : en réalité, il est techniquement impossible d’avoir un flicker à 0% et la promesse est uniquement de le réduire au maximum.
Seules les mesures PstLM et le SVM font donc foi .

En tout état de cause, en cas de papillotement pour une installation de manière générale, trois niveaux de vérifications peuvent être effectués :
– au niveau du réseau, qu’aucune perturbation n’est générée dans l’installation électrique du bâtiment (machines et appareils divers)
– que les luminaires, sources et câbles bien sont fixées mécaniquement (et donc non sensibles aux vibrations)
– analyser la situation suivant l’appareillage et la source et changer et vérifier le cas échéant les composants défaillants ou de mauvaise qualité.

Voici une synthèse des situations en fonction du type d’alimentation et du type de source :

Type d’alimentation Signal en sortie d’alimentation / entrée de source Type de source Propriété de la source Sensibilité et explications
Sans Idem au signal éventuellement modifié Incandescence ou halogène Inertie thermique du filament L’inertie thermique du filament permet de supprimer les effets néfastes du signal 230 V 50 Hz et de ses éventuelles modifications.
SCINTILLEMENT QUASIMENT NUL
Gradation par découpage de phase Signal 230 V 50 Hz (et ses éventuelles modifications) haché La gradation par découpage de phase favorise le papillotement mais l’inertie du filament vient limiter cet effet.
SCINTILLEMENT TRES FAIBLE
Ballast magnétique Le ballast magnétique ne modifie pas fondamentalement le signal d’entrée qui garde ses propriétés (alternatif 50 Hz + des éventuelles perturbations) et répercute les défauts Fluorescente Rémanence des poudres fluorescentes qui permet aux sources fluorescentes de réagir lentement au signal d’entrée La rémanence des poudres fluorescentes compense le mauvais signal d’entrée de la source.
SCINTILLEMENT QUASIMENT NUL
Sodium ou halogénure Faible inertie thermique du plasma ce qui conduit ces sources à réagir rapidement au signal d’entrée L’appareillage et la source sont défavorables ce qui rend cette association sensible.
SCINTILLEMENT POSSIBLEMENT IMPORTANT
Ballast électronique simple et gradable Le ballast électronique (gradable ou non) transforme radicalement le signal d’entrée pour créer un signal nouveau à très haute fréquence donc :
– annule les défauts du signal d’entrée
– par la très haute fréquence, ne génère pas de perturbations pour le papillotement
Fluorescente Rémanence des poudres fluorescentes qui permet aux sources fluorescentes de réagir lentement au signal d’entrée La rémanence des poudres fluorescentes associée au courant à très haute fréquence empêche tout papillotement.
SCINTILLEMENT NUL
Sodium ou halogénure Faible inertie thermique du plasma ce qui conduit ces sources à réagir rapidement au signal d’entrée La très haute fréquence du courant d’alimentation des sources permet de faire disparaitre la sensibilité des lampes.
SCINTILLEMENT NUL
Driver non gradable Les drivers non gradable ou gradable de type analogique transforment radicalement le signal d’entrée pour créer un nouveau signal continu donc :
– annulent les défauts du signal d’entrée
– suivant la qualité du driver, le signal de sortie est plus ou moins « plat », les perturbations générées dépendent du driver (voir courant résiduel alternatif)
 LED La LED réagit très rapidement au signal d’entrée, elle n’a pas d’inertie Le scintillement dépend uniquement de la qualité du driver et de son traitement du courant alternatif résiduel.
SCINTILLEMENT NUL POUR LES BONS DRIVERS
SCINTILLEMENT POSSIBLEMENT IMPORTANT POUR LES DRIVERS DE MAUVAISE QUALITÉ
Driver gradable analogique
Driver gradable par PWM Les drivers gradable de type PWM transforment radicalement le signal d’entrée pour créer un nouveau signal, « plat » et haché, donc :
– annulent les défauts du signal d’entrée
– suivant la qualité du driver, le signal de sortie est plus ou moins propre, les perturbations générées dépendent du driver (voir ripple current)
– la modulation d’impulsion génère des fluctuations régulières qui favorise le papillotement
Le signal d’entrée de la LED est haché et favorise le papillotement.
SCINTILLEMENT POSSIBLEMENT IMPORTANT surtout si viennent s’ajouter des courants alternatifs résiduels

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